Le 6 juillet 2021
De: Black Health Alliance ; TAIBU Community Health Centre ; Fédération des Canadiens Noirs ; Institut professionnel de la fonction publique du Canada ; Black North Initiative et al.
À: Premier ministre Justin Trudeau
Cc: Cabinet du premier ministre, Erin O’Toole, Jagmeet Singh, Yves-François Blanchet, Annamie Paul, Yves Duclos, Greg Fergus, Ahmed Hussein, Bardish Chagger, Patty Hadju, Filomena Tassi, Chrystia Freeland, Marci Ien, Jenica Atwin, Adam Vaughan, Pierre Pollievere et Emanuel Dubourg.
Re: Création d’un fonds spécifique pour que les fonctionnaires Noirs canadiens puissent accéder à un soutien efficace en matière de santé mentale et de conseil thérapeutique
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Cher Premier ministre Trudeau,
Nous vous écrivons aujourd’hui en tant que membres d’un réseau croissant d’organisations préoccupées par les histoires et les manchettes dont nous avons été témoins en ce qui concerne les expériences des fonctionnaires fédéraux Noirs. Il a été difficile pour beaucoup d’entre nous d’écouter et de lire les récits déchirants de fonctionnaires Noirs qui, historiquement, se sont vu refuser des possibilités d’embauche et de promotion à un taux alarmant et disproportionné au sein de la fonction publique fédérale. Nous avons entendu les récits de personnes qui ont travaillé pour la GRC, la Commission canadienne des droits de la personne, l’Agence du revenu du Canada, les Services frontaliers du Canada, le ministère de la Défense nationale, Service Canada et divers ministères et organismes d’État dans différentes provinces et territoires du pays. Certains ont pris leur retraite, sont sur le point de le faire ou sont des professionnels en début ou en milieu de carrière qui souffrent en silence en ce moment même. Malheureusement, rien de ce que nous avons entendu n’a été choquant pour nous. De telles histoires abondent et sont connues depuis longtemps au sein des communautés Noires canadiennes. La différence, c’est que le public et les médias sont de plus en plus sensibilisés à cette situation en raison de divers facteurs qui ont commencé à faire la lumière sur l’impact de cette forme systémique de racisme anti-Noir.
Un aspect particulier de cette réalité, qui mérite selon nous une attention immédiate, est l’impact psychologique et émotionnel de cette forme de discrimination. En effet, la littérature et la prise de conscience des effets profonds et débilitants du traumatisme racial en tant que forme de blessure mentale qui reflète des symptômes psychopathologiques semblables à ceux du syndrome de stress post-traumatique, bien qu’avec des éléments très distincts, se multiplient. S’il n’est pas traité ou diagnostiqué pendant un certain temps, le traumatisme racial peut entraîner de graves crises de dépression clinique, des troubles physiques, de l’anxiété, une fatigue corporelle et même des idées suicidaires. Malheureusement, à mesure que nous en apprenons davantage sur les expériences des travailleurs Noirs de la fonction publique fédérale, il semble que nombre d’entre eux luttent contre ces mêmes symptômes sans avoir accès à un soutien approprié.
On ne saurait trop insister sur la nécessité d’agir rapidement. À l’heure actuelle, la seule option liée au travail pour les travailleurs Noirs de la fonction publique est d’obtenir des conseils et un soutien thérapeutique par le biais des programmes fédéraux d’aide aux employés (PAE) facilités par Santé Canada. Ces programmes d’aide sont conçus pour offrir des références à court terme à des professionnels qui offrent des services de counseling limités dans le temps aux employés pour des blessures subies au travail ou pour d’autres défis qui peuvent avoir un impact sur leur travail. Cependant, ce que nous avons entendu de la part de nombreux travailleurs Noirs de la fonction publique et de professionnels de la santé, c’est que ces programmes sont tout à fait insuffisants et qu’ils manquent tout simplement de professionnels qualifiés et culturellement compétents pour répondre à leurs besoins. En d’autres termes, les services actuels du PAE sont mal équipés pour résoudre ce problème. Nous aimerions plutôt que votre gouvernement prenne l’initiative de créer un programme ou un fonds spécialisé, au-delà des options actuellement disponibles, qui utiliserait la capacité croissante des psychologues, des travailleurs sociaux et des professionnels de la santé mentale Noirs canadiens qui peuvent aider à adapter et à fournir de tels services. Nous vous demandons donc de faire ce qui suit:
Créer un fonds ou un programme spécialisé sous les auspices du ministre de la Santé, du Secrétariat du Conseil du Trésor du Canada ou du ministère approprié, à l’intention des anciens et actuels travailleurs Noirs canadiens de la fonction publique fédérale qui ont besoin de counseling, de thérapie et d’autres formes de soutien en santé mentale à la suite de blessures causées par la présence pernicieuse du racisme et de la discrimination anti-Noirs en milieu de travail. Un tel programme témoignerait du sérieux avec lequel votre gouvernement aborde ces défis permanents et refléterait votre engagement à veiller à ce que tous les employés de la fonction publique soient bien soutenus pendant que d’autres mesures sont prises pour remédier aux problèmes systémiques sous-jacents qui créent des environnements de travail peu accueillants et discriminatoires.
En tant qu’allié des communautés Noires canadiennes qui ont reconnu la réalité du racisme anti-Noir systémique dans nos institutions du secteur public, nous savons que vous comprenez l’importance d’adopter des mesures significatives pour à la fois réduire ce défi et commencer à aider les victimes de discrimination à guérir. Comme vous l’avez déclaré récemment, “…tout le monde mérite d’avoir un milieu de travail sûr et sécuritaire…”. Pour de nombreux travailleurs Noirs de la fonction publique canadienne – dont beaucoup sont des femmes et ont été touchés par les effets cumulés de la pandémie – cela commence par l’assurance qu’ils ont accès à des services de santé appropriés qui non seulement les aideront à guérir mais les aideront aussi à gérer les défis quotidiens auxquels ils sont confrontés.
Nous vous remercions pour votre temps et nous nous réjouissons d’avoir de vos nouvelles. Toute demande ou question directe peut être adressée à M. Kofi Achampong à l’adresse kofi.achampong@gmail.com